Yacouba Diakité est le coordinateur du Conseil Communal de Jeunesse de Sebkha. Ce journaliste blogueur à « Initiatives News » et entrepreneurs dans le domaine de la communication, a orienté son engagement associatif dans le domaine de la formation et du renforcement de capacités des associations de jeunes dans le secteur du développement. Fondateur de l’association des « Jeunes œuvrant pour le progrès » (AJOP) il assume également les fonctions de directeur du centre de sauvegarde de Sebkha. Il est également coordinateur du réseau des Mauritaniens pour les Droits de l’homme (AMDH).
Bonjour Yacouba. Comment un jeune comme toi en est arrivé à s’engager dans le milieu associatif mauritanien ?
Je voulais me rendre utile à mon quartier, participer d’une manière active au développement de ma commune, de ma ville et de mon pays. Je voulais également me rendre utile par rapport à moi-même car j’étais en chômage, comme la plupart de jeunes de notre terroir. Et aussi parce que j’étais chômeur, comme la plupart de jeunes de notre terroir. C’était un moyen de prouver à ma famille que je pouvais bel et bien réussir dans ce milieu. J’ai toujours été passionné par le milieu associatif, depuis mon plus jeune âge. J’ai toujours participé en tant que jeune aux différentes activités de mon quartier, par exemple sur des actions d’assainissement, de sensibilisation… Je me suis aussi engagé dans la vie associative car j’ai compris que c’était un terrain d’apprentissage intarissable. C’est un milieu dans lequel j’ai rencontré énormément de personnes qui m’ont aidé à évoluer.
La jeunesse est au cœur de votre projet d’engagement. Qu’est-ce qui vous motive dans le monde associatif lié à la jeunesse ? Qu’est-ce que cela vous a apporté et vous apporte ?
La vie associative c’est un terrain d’apprentissage permanent. Je ne cesse d’apprendre, tous les jours. Ça me permet de parler aux jeunes et de les aider à prendre conscience sur certains enjeux qui me tiennent à cœur. C’est un milieu où ils peuvent mettre en avant leurs qualités et leurs potentiels. C’est un milieu qui leur permet de s’exprimer librement, de lancer des pétitions, de faire des plaidoyers… Je pense que c’est important que les jeunes comprennent que ce milieu peut leur offrir des opportunités, qu’ils pourront se former, s’affirmer dans des instances institutionnelles, devenir des leaders, la relève de demain.
Pour ma part, la vie associative m’a offert une vie professionnelle. Grâce à elle j’ai travaillé dans des ONG, je suis devenu consultant et formateur. Je travaille en collaboration avec la Mairie de Sebkha où j’ai l’opportunité d’être associé à toutes les questions liées à la jeunesse.
Quels sont, à ton avis, les principales causes qui limitent l’engagement des jeunes en Mauritanie ?
Déjà, il y a le poids familial. Les jeunes se voient mal s’engager dans quelque chose qui ne leur apporte pas de revenus. C’est souvent perçu comme une honte de revenir à la maison les mains vides quand on a l’âge de contribuer à la vie familiale. Ils espèrent donc souvent faire autre chose, plus rémunérateur. Ensuite, les associations de jeunes arrivent souvent au second plan de la société civile, car elles sont vues comme étant inexpérimentées. Enfin, ces associations manquent de moyens financiers et techniques. Elles ont besoin d’un minimum pour se structurer convenablement et mener leurs activités.
Aujourd’hui, tu es engagé dans plusieurs associations. Qu’est-ce qui a motivé ton choix ? Ce qui me tient à cœur c’est de contribuer du mieux possible au développement de mon pays. J’ai aujourd’hui la possibilité de venir en aide aux jeunes qui ont besoin de se former, de s’orienter. C’est pour ça que nous avons mis en place le centre de sauvegarde de Sebkha avec EPAM, où nous formons des jeunes sur plusieurs corps de métiers. Je les accompagne ainsi dans leur insertion socio-professionnelle. Je rédige aussi des projets pour les jeunes, je les aide à trouver des financements.
Comment votre famille perçoit votre engagement ?
On me disait souvent que je suis en train de perdre mon temps dans ce milieu, que je n’arriverais pas à être autonome. J’étais donc déterminé à prouver que je pouvais bel et bien y réussir. Heureusement, ma mère a toujours cru en moi malgré ce qu’on lui disait à propos de la vie associative. Elle m’a toujours dit d’être sincère et crédible dans tout ce que je fais pour réussir. Ca m’a donné de la force, de la motivation et de la patience pour continuer. Aujourd’hui le regard des autres a changé. Je suis perçu comme quelqu’un qui a réussi, aussi bien par mes proches que par mes amis.
Vous voyez vous toujours continuer dans l’associatif plus tard ?
Je continuerais à être dans ce milieu tant que mon apport reste utile à la jeunesse et à la population de façon générale. Je compte créer une structure qui me permettra d’être autonome et d’employer des jeunes.
Qu’est-ce que vous pensez des dynamiques associatives actuelles des jeunes en Mauritanie ? Avez-vous constaté une évolution dans le secteur ?
Je pense que les jeunes s’engagent de plus en plus dans le milieu associatif car ils commencent à comprendre les avantages qui en découlent. Les associations de jeunes vont dans le sens du développement local car les projets portent sur ce thème. La plupart des organisations travaillent directement avec les communes. Il y a quelques années on ne voyait pas autant d’engouement pour la vie associative. Avec l’explosion des réseaux sociaux, les associations de jeunes arrivent désormais à démontrer leurs capacités sur le terrain. Mais pour aller plus loin, il faudrait que les organisations plus expérimentées aident les associations de jeunes pour qu’elles se forment, se structurent, grandissent. Elles ont besoin de renforcer leurs capacités dans plusieurs domaines. Il faudrait que les bailleurs assouplissent leurs procédures afin de permettre aux associations moins expérimentées de répondre à leurs appels.
Quelle est votre plus grande fierté au sein du milieu associatif ? Pouvez-vous nous parler d’une expérience particulière ?
Ma plus grande fierté c’est de n’être parti de rien, de zéro et d’en être arrivé là où je suis actuellement. Je suis fier d’être au service des jeunes qui me sollicitent et de savoir que je suis utile à la société. Je suis fier de faire partie du Conseil Communal de la Jeunesse.