Le 9 juillet dernier, les habitants de Mbout, petite commune du Gorgol dans le sud de la Mauritanie, ont été réveillés par des pluies diluviennes. 4 heures plus tard, la ville était gravement inondée, victime de précipitations violentes et du ruissellement des eaux en provenance des localités voisines. D’après le rapport des équipes du Grdr qui ce sont rendus sur place, 691 ménages ont été sinistrés, leurs maisons parfois englouties sous les eaux. Certains ont pu être relogés provisoirement par des voisins, d’autres sont restés sans abris.
Des épisodes climatiques de plus en plus violents, des inondations de plus en plus courantes
Pourtant le bassin du fleuve Sénégal est nettement plus réputé pour sa sécheresse que pour ses épisodes pluvieux. Mais la récurrence avec laquelle les inondations frappent désormais chaque année la région interpelle. Les inondations sont désormais une habitude en période d’hivernage. Dans la région de Matam, de l’autre côté du fleuve, des ponts ont été détruits, des routes coupées, des maisons englouties et des récoltes perdues. Des épisodes récents et violents qui résonnent comme un écho local aux craintes globales exprimées par les experts du GIEC dans leur rapportachevé en avril dernier.
L’histoire contemporaine de la région semble illustrer parfaitement les risques qui pèsent sur certaine population à cause du réchauffement climatique. Et elle montre aussi comment les aléas climatiques peuvent soumettre les habitants à de fortes contraintes structurelles.
La grande sécheresse des années 70 à 90 a poussé les populations locales à s’installer sur les rives du fleuve. La reprise de la pluviométrie vers le milieu des années 90, conjuguée à l’apparition de précipitations violentes ces , mettent désormais ces mêmes localités face à des dangers importants. D’après les experts du GIEC, l’augmentation globale des températures devrait pousser les aléas climatiques à l’extrême. Les sécheresses deviendront de plus en plus brutales, les tempêtes de plus en plus virulentes, les précipitations de plus en plus intenses… Dans une région marquée par des périodes de sécheresse aggravée, la hausse des températures devrait encore amplifier l’ urbanisation à proximité des cours d’eau et des littoraux…. Ce qui aura pour effet, si rien n’est maîtrisé, d’exposer de plus en plus d’habitants à des inondations violentes, destructrices et pouvant même être meurtrières.
S’adapter durablement au changement climatique
On mesure donc ici l’importance qu’il y a à ne pas reproduire les schémas du passé et d’inclure le changement climatique dans la réflexion autour du développement durable au Sahel. D’autant plus que ces accidents ne sont pas non plus une fatalité. De nombreuses inondations auraient sà »rement pu être évitées avec des infrastructures adaptées, telles des bassins de rétention ou des digues solides facilitant l’écoulement des eaux de pluie.
En 2010, dans le cadre du programme PZI,, le Grdr avait formulé des pistes de travail pour une urbanisation durable qui prend en compte les risques inhérents aux inondations. Des propositions pour mener des études sur l’aménagement des territoires proches du fleuve avaient été formulées. Comment mettre en place des systèmes adéquats de rétention d’eau, comment lutter contre l’érosion, contre l’enclavement, autant de pistes qui avaient été proposées pour protéger au mieux les zones habitées. Un programme qui n’avait pas pu être poursuivi faute de partenaires et de financements, mais qui déjà posait les questions auxquelles il faudra faire face pour permettre aux habitants du fleuve de s’adapter durablement au changement climatique.