La moyenne vallée du fleuve Sénégal est une région de 230 000 km² peuplée de plus de 4 millions d’habitants. Située aux confins du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal, elle est un espace transfrontalier soumis à la fois aux enjeux du développement local, de l’intégration sous-régionale et de la mondialisation. Témoin et acteur des changements intervenus dans la Région depuis 1969, le Grdr fait dans cet ouvrage le constat d’un décalage important entre les dynamiques à l’œuvre et les représentations dominantes. Cette Région est en effet souvent considérée ; non seulement comme une périphérie, mais également comme une région particulièrement déshéritée. Or à la lumière de l’analyse présentée ici, la moyenne vallée du fleuve Sénégal apparaît en fait comme un centre dynamique et connecté. Elle connait une croissance démographique soutenue ainsi qu’un processus d’urbanisation et des mutations économiques importantes.
Une région en mouvement
La rapide analyse des dynamiques territoriales présentée ici montre à quel point la région change. La population résidente a presque triplé en 40 ans transformant de nombreux villages en petites villes ou provoquant une extension des principales villes. « Région d’émigration  », elle accueille de plus en plus de ressortissants venus d’ailleurs. Le « pays des 3 frontières  » apparait désormais comme un carrefour sous régional. L’urbanisation, le développement des secteurs minier et de l’élevage comptent parmi les principaux moteurs de l’économie locale. Economie locale bénéficie également des transferts financiers des émigrés. Mais les rôles de la diaspora sont beaucoup plus larges. Les nombreuses coopérations décentralisées actives dans la région et le développement de nouvelles compétences sont autant de marqueurs des transferts immatériels générés par la mobilité.
Les dynamiques transfrontalières demandent à être soutenues. Et si les politiques de décentralisation offrent des perspectives intéressantes, elles doivent être accompagnées d’une réelle dotation en moyens humains et financiers. Cependant, face aux soubresauts économiques et politiques qui ces dernières années agitent la sous-région sahélienne, les territoires de la Moyenne Vallée du Fleuve Sénégal font preuve d’une étonnante stabilité politique. Toutefois, l’importance des défis que la région devra relever dans les prochaines années ne risque-t-elle pas de fragiliser les régulateurs sociaux à l’œuvre dans les territoires ?
Faire face aux enjeux du futur
Dans une région o๠les moins de 20 ans représentent plus de 60% de la population et o๠les inégalités sociales restent très fortes, il devient urgent de garantir le développement d’une économie redistributrice et durable. Le secteur minier par exemple, mériterait d’être évalué à l’aulne de ses impacts sur l’économie locale, l’environnement, la jeunesse et les groupes sociaux défavorisés. Sinon, les coà »ts sociaux et environnementaux de l’exploitation minière dépasseront rapidement les bénéfices. Le fonctionnement des exploitations agricoles familiales doit également être questionné. Avec pour enjeux de garantir la sécurité foncière et une rémunération décente aux classes sociales les plus démunies, sans quoi les effets du changement climatique à venir se feront encore plus durement ressentir. Enfin, le développement urbain devrait davantage être anticipé de manière à favoriser la mixité sociale, à maintenir un cadre de vie salubre et agréable et à encourager la connexion et les échanges avec les territoires ruraux.
Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du Programme d’Appui aux Initiatives de Développement Local et de Coopérations Territoriales, mis en œuvre par le Grdr et soutenue par l’Union Européenne, l’Agence Française de Développement, le CCFD-Terre solidaire, la région Ile-de-France, la région Centre, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme (FNH), la Fondation de France, la Fondation Lord Michelham et le Comité Français pour la Solidarité Internationale.