Pendant 3 jours, la ville de Gouraye a vécu au rythme du « transfrontalier  ». Du 28 au 30 janvier, cette commune Mauritanienne située à la frontière avec le Sénégal et près de celle avec le Mali a accueilli une manifestation intitulée « Festival Transfrontalier pour le développement socioéconomique et culturel du bassin du fleuve Sénégal ». Pendant tout le week-end, activités culturelles et sportives ont succédé à des conférences-débats, auxquelles ont participé un grand nombre d’élus locaux venus des 3 pays. L’objectif de ce festival (financé par les Services de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France, l’AFD et l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS)) était de renforcer les échanges interculturels entre les populations et de faciliter le dialogue institutionnel entre des collectivités territoriales situées de part et d’autre des frontières.
Les régions du Guidimakha (Mauritanie), de Bakel (Sénégal) et de Kayes (Mali) sont historiquement liées les unes aux autres malgré les frontières administratives qui les séparent. Dans cette zone appelée « moyenne vallée du fleuve Sénégal  », les populations sont liées par une réelle unité géographique, historique, culturelle et sociale. Et même si les « évènements de 1989  » ont laissé des séquelles, les échanges transfrontaliers font partis de la vie courante, tant sur les plans commerciaux que culturels et sociaux. En témoigne par exemple le Karakoro, région partagée entre la Mauritanie et le Mali qui fait l’objet d’une initiative originale de coopération transfrontalière.
Depuis des décennies, le Grdr accompagne ces dynamiques à l’œuvre dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal. C’est dans cette logique qu’il a été sollicité par la Maire de Gouraye, Mme Hadjiratou Bà¢, pour organiser un festival sur le territoire de sa commune. Une manifestation en forme de grande fête qui a rassemblé des spectateurs et participants venus de Mauritanie, du Sénégal et même du Mali, un peu plus lointain. Un grand nombre d’activités sportives et spectacles ont permis de mettre en avant la richesse culturelle de la région. L’incontournable combat de lutte, véritable sport national et tradition ancestrale a ainsi rassemblé 2500 à 3000 spectateurs. Le soir, les festivités étaient consacrées à des spectacles de danse et des concerts, avec des groupes et des troupes venues des trois pays et des principales communautés du Guidimakha (pulaar, soninké, maure et wolof). Véritable succès populaire, le festival s’est conclu par la traditionnelle course de pirogue, sur le fleuve Sénégal, à laquelle ont participé des pagayeurs venus des 3 pays.
De nombreux maires des communes maliennes, sénégalaises et mauritaniennes y ont activement participé . Tout au long des ateliers* qui se sont déroulés durant ces 3 jours, ils ont pu débattre sur les défis communs que doivent relever ces territoires, aux côtés du représentant de l’Agence Régionale de Développement (ARD) de Tambacounda (Sénégal), du Président du Conseil Régional de Kayes, du Wali (gouverneur) du Guidimakha, de représentants de services techniques et de partenaires pour le développement de la région. Les participants ont souligné l’importance de ces moments communs et le rôle que peuvent et doivent jouer les collectivités territoriales dans le développement local, la préservation des ressources et la coopération transfrontalière. Des débats qui font ainsi échos à la dynamique initiée depuis la création du réseau des maires des communes riveraines du Bassin du Fleuve Sénégal.
* les thèmes des conférences-débats étaient les suivants : « Développement local & coopération transfrontalière dans le Bassin du Fleuve Sénégal  », « Formation et insertion : quels ponts et quelles opportunités pour la jeunesse du Bassin du Fleuve Sénégal ?  », « Gestion des ressources naturelles : comment penser la résilience dans le Bassin du Fleuve ?  », « La décentralisation en Mauritanie, au Sénégal & au Mali  » et partage d’expérience sur « La transformation des produits forestiers non-ligneux  »