L’engagement associatif de la diaspora subsaharienne en France a largement évolué ces dernières années et la question du renouvellement générationnel revient régulièrement au cœur du débat. L’étude menée par le Grdr en partenariat avec l’Université Paris VIII, le FORIM et la Ligue de l’Enseignement des Yvelines, permet de comprendre l’évolution actuelles des formes d’engagements des jeunes issus de la migration subsaharienne. Elle met également en avant leurs aspirations, différentes de celles de leurs ainés, les difficultés qu’ils rencontrent et les plus-values qu’ils apportent. Cette étude a été réalisée avec le soutien du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sport.
Dans les années 70 et 80, en région parisienne, de nombreuses personnes immigrées d’origine subsaharienne vivant en France se regroupaient en associations. De nombreux travaux mettent en avant la diversité des actions de ces organisations engagées en faveur du développement de leurs territoires d’origines. Mais aujourd’hui l’idée que les nouvelles générations issues de la migration sont individualistes et moins engagées que leurs aînés ou prédécesseurs est assez répandue et la problématique du renouvellement associatif est largement débattue. On entend souvent dans les forums et rencontres dédiés à cette question que le bénévolat des jeunes d’aujourd’hui … est en baisse... mais tout en faisant ressortir de nouvelles formes d’engagement qui donnent une nouvelle impulsion à ces organisations issues de l’immigration. Et pourtant, l’étude tend à montrer que le bénévolat des 15/35 ans a, au contraire augmenté. Comment expliquer ce paradoxe ?
Cette étude met en avant ces nouvelles manières d’agir, d’une nature différente des pratiques « anciennes  » pour lesquelles une action collective se comprenait comme une manifestation de solidarité à l’égard de la communauté d’origine. Désormais, l’engagement, individuel, a souvent une visée entrepreneuriale. Et l’analyse tend à montrer que de plus en plus les jeunes issus de l’immigration cherchent à relier projet communautaire, projet de société et projet personnel. De la même manière, l’étude met en lumière l’émergence d’acteurs jusque-là peu visibles, par exemple, les jeunes femmes, de plus en plus présentes et de plus en plus nombreuses à jouer un rôle important.
Les projets associatifs eux-mêmes ont désormais des caractéristiques différentes. L’insertion dans le tissu économique passe désormais souvent par des actions innovantes qui ne sont pas sans lien avec un souci de revendication identitaire. Le désir d’insertion et de reconnaissance sociale prime alors sur les préoccupations politiques classiques de l’engagement tel que nous le connaissions par le passé. A contrario des postures militantes traditionnelles de lutte contre les discriminations, l’engagement associatif des jeunes issus de la migration subsaharienne semble s’orienter vers la recherche d’autonomie, l’auto-responsabilisation et le refus d’une identité de discriminé ou de marginalisé.
Cet engagement, finalement de plus en plus basé sur le modèle entrepreneurial, alimente en même temps l’idée de construction d’un bien commun, de formes de solidarité qui refusent la dépendance des parents et des pouvoirs publics. Tout en cherchant à créer des collectifs qui se fondent sur la circulation de biens (matériels ou immatériels) et des services. Portés par l’usage des réseaux sociaux, ces nouveaux collectifs possèdent une forte dimension transnationale et cherchent à réaliser et valoriser leur double-appartenance entre ici et là -bas.