Les pays du Sahel sont régulièrement victimes de crises alimentaires, parfois sévères. Ce fut le cas par exemple en 2010 et en 2012. LÂ’ampleur et la fréquence de ces crises font que la sécurité alimentaire dÂ’un de ces pays ne peut pas être assurée uniquement dans les limites de ses frontières. La circulation des produits agricoles, les transhumances et les mobilités humaines permettent dÂ’équilibrer les stocks de produits entre les zones de productions et celles qui sont déficitaires.
Les régions frontalières sont de véritables carrefours pour ces échanges. Elles jouent un rôle essentiel pour assurer la résilience de toute la zone sahélienne, en particulier grà¢ce aux exploitations familiales, qui représentent 80% de la production agricole de ces zones. Malgré cela, le commerce transfrontalier de fait lÂ’objet de restrictions, voir même dÂ’interdictions, pendant les périodes de crises. Des décisions politiques qui ont eu pour conséquences de prolonger les délais dÂ’acheminement des produits alimentaires vers les populations des zones déficitaires.
Les exploitations agricoles familiales de ces régions frontalières ont un rôle stratégique pour la résilience alimentaire des pays du Sahel. De plus, en période de chocs, ces régions transfrontalières telles que le bassin du fleuve Sénégal (Mali, la Mauritanie et Sénégal) ou celles qui relient le Burkina Faso et le Niger sont susceptibles dÂ’être menacées par la volatilité des prix agricoles et les changements climatiques. CÂ’est la raison pour laquelle, grà¢ce au soutien du CCFD-Terre Solidaire, le Grdr et les Afriques Vertes (au Niger, Mali et Burkina Faso) ont mis en place des activités pour améliorer et sécuriser les capacités de production des exploitations familiales locales. Ainsi, les membres de 298 organisations paysannes, choisis en fonction de leurs capacités à être novateurs, ont partagé les savoir-faire et les pratiques agro-écologiques efficaces pour les répliquer sur différents territoires, en fonction des enjeux locaux. Un livret regroupant lÂ’ensemble de la capitalisation est disponible en cliquant sur ce lien.
45 collectivités locales de ces régions frontalières ont été impliquées dans ces activités, dans la mesure o๠elles pourraient jouer un rôle plus important pour la sécurité alimentaire des populations de leurs territoires. Un travail dÂ’analyse des politiques publiques nationales des 5 états concernés et des politiques sous régionales (accessible en suivant ce lien) a permis de faciliter le dialogue entre élus et producteurs agricoles à lÂ’échelle locale mais aussi par delà les frontières nationales. Il a également permis de renforcer le plaidoyer citoyen à lÂ’échelle locale et internationale. DÂ’autant que ces régions partagent souvent des cadres institutionnels communs tels que la CEDEAO (à lÂ’exception de la Mauritanie) ou le Cadre Stratégique de Sécurité Alimentaire Durable (CSSA) du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS).
Pour en savoir plus, le documentaire ’La voix des paysans’ été réalisé par Andrey Diarra et produit par le Grdr. Il donne la parole aux principaux acteurs de la souveraineté alimentaire dans les régions transfrontalières du Sahel. Un véritable plaidoyer pour défendre les agricultures familiales.