Dans la moyenne vallée du bassin du fleuve Sénégal, les exploitations agricoles familiales produisent la majorité de la production agro pastorale locale. La plupart combinent céréalicultures, maraichage, élevage et activités extra-agricoles (transformation, petits commerces…). Un très grand nombre de ces producteurs adoptent déjà (parfois même parfois sans le savoir), des pratiques agro écologiques.
Ces exploitations agricoles jouent un rôle essentiel dans l’approvisionnement alimentaire des campagnes mais aussi des villes. Sous l’effet de la croissance démographique, les villes et les villages grossissent, ce qui stimule globalement la production locale. Cependant, les classes moyennes et aisées ont plutôt tendance à privilégier des produits importés au détriment de la production locale, particulièrement en Mauritanie et au Sénégal.
Mais ces exploitations familiales restent fragiles. Elles sont soumises aux aléas climatiques, à la concurrence des produits agricoles importées, à un accès limité aux moyens de productions… Les accords de Maputo, selon lesquels les états s’engagent à consacrer 10% de leur budget annuel à la sécurité alimentaire ne sont pas respectés (sauf au Mali). Et les orientations qui sont prises sont globalement déconnectées de la production locale et familiale, souvent au profit de lobby agro-alimentaire et de firmes agro chimiques.
Financé par le CCFD-TS et l’AFD, le TAPSA a pour objectif d’accompagner le développement d’une forme d’agriculture durable, résiliente, productive, qui fournisse plus d’aliments tout en maintenant les équilibres écologiques et en préservant la santé publique. Ce programme, d’envergure mondiale, porté par le CCFD-TS est mis en œuvre à en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Le Grdr est en charge de sa mise en œuvre dans les 3 pays du bassin du fleuve Sénégal que sont le Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
L’objectif principal du programme est de contribuer à réduire les vulnérabilités alimentaires au Sahel à travers la promotion de l’agro-écologie paysanne. La démarche proposée est la suivante :
– Soutenir l’autonomie des systèmes productifs et relocalisation de l’alimentation : L’idée est ici de renforcer les compétences techniques des producteurs locaux et de les accompagner dans création de nouveaux débouchés en valorisant la production agro écologique auprès des consommateurs locaux. Il s’agit donc de soutenir la création de « circuits courts  », incluant les milieux urbains, et d’accompagner de manière plus globale la prise de conscience de tous sur les enjeux associés à une alimentation durable et saine.
– Le renforcement des capacités de plaidoyer des acteurs de ces territoires (organisations paysannes et société civile, élus locaux…) : l’expérience du Grdr, basée sur plusieurs décennies d’action sur ces territoires, montre que les acteurs locaux n’ont qu’une vision sectorielle des enjeux alimentaires (production, commercialisation…). Les activités du programme doivent conduire à meilleure compréhension de ces enjeux, au niveau local, associés à la transition agro-écologiques.
Afin d’atteindre ces objectifs, les activités sont réparties en trois axes qui se recoupent :
– Etudier les systèmes alimentaires locaux, les partager avec les principaux acteurs, proposer des solutions aux problèmes qui sont identifiés.
Un diagnostic territorial sur le système alimentaire de Kayes (Mali) est en cours. Basé sur l’expérience méthodologique acquise par le Grdr à Rufisque (Sénégal) il mobilise consommateurs, transformateurs, distributeurs, producteurs (OP), élus locaux… Il permet de recouper les habitudes alimentaires des consommateurs avec le fonctionnement des systèmes de production et de distribution ainsi que les modes de gouvernance. Ce diagnostic permettra ainsi d’identifier des leviers facilitant la transition vers des systèmes alimentaires résilients et respectueux de l’environnement.
En parallèle, une étude exploratoire sur Nouakchott est envisagée afin de mieux comprendre les modes de production et de consommation des produits maraichers, ainsi que les dynamiques foncières (nombre de maraichers, statut, surfaces cultivées…) et commerciales (importations, distribution des produits locaux et importés, fluctuation des prix…)
– Réduire les vulnérabilités alimentaires en soutenant des initiatives et expérimentations porteuses.
Il s’agit ici d’inciter des producteurs ou commerçants à s’engager dans la transition agro écologique. Cet accompagnement permet de renforcer leurs capacités techniques à travers des actions de renforcement de capacités, mais aussi de les accompagner dans des démarches leur permettant de maintenir ou accroitre leurs revenus (en les orientant vers des marchés potentiels ou grà¢ce à un mécanisme de soutien financier). Ces initiatives sont identifiées au regard de leur viabilité, de leur dynamisme et de leur caractère innovant. Celles qui sont portées par des jeunes et/ou des femmes font l’objet d’une attention particulière.
– Capitaliser et partager les expériences acquises tout au long du programme
L’ensemble de ces activités permettra de capitaliser sur les forces et les faiblesses des systèmes alimentaires et ainsi d’orienter les acteurs locaux vers la transition agro écologique. Les systèmes semenciers locaux seront également répertoriés ainsi que les initiatives probantes.
• 4 organisations paysannes d’envergure régionale : AOPP Kayes (Mali) ; CUCG (Mauritanie), la FONGS Sénégal oriental et le CRCR Dakar (Sénégal) ; • 12 collectivités locales, siège d’une importante production et/ou consommation maraîchères (dont 6 péri-urbaines) : la ville de Kayes (Mali), le département de Rufisque et les communes de Rufisque Est, Sangalkam et Bambilor (Sénégal), le département de Bakel et la commune de Balèle (Sénégal), les communes de Khabou, Gouraye et Wompou (Mauritanie), la Communauté Urbaine de Nouakchott (Mauritanie) ; • 77 exploitations agricoles familiales : 7 parties prenantes de l’expérimentation sur la transition agro-écologiques et 70 autres suivant les formations in-situ ; • 200 jeunes et 175 parents d’élèves dont une majorité de femmes bénéficiaires des séances de sensibilisation (lieu alimentation/santé), des visites d’exploitations agricoles, des débats communautaires … ; • 10 organisations de la société civile locale (autres qu’OP) lauréats des appels à manifestation d’intérêt ; • 3 réseaux de la société civile dont le Grdr est membre à l’international (principalement le CFSI et le GI) et au Mali (réseau semences paysannes) ainsi que les 11 OP et ONG parties prenantes du SAPSA.
Bénéficiaires indirects : • 377 000 consommateurs alimentaires (Kayes : 250 000 ; Rufisque-Est, Sangalkam et Bambilor : 127 000 personnes) ; • 2 organisations faitières paysannes nationales : CNCR/FONGS et AOPP/CNCOP.