Le 3 juin dernier à Addis-Abeba, en Ethiopie, l’Union Africaine (UA) a présenté ce qui sera la Position Commune Africaine (PCA) des pays membres lors de la négociation des nouveaux Objectifs Mondiaux pour le Développement (OMD).
Le document, issu d’un long parcours de négociations régionales et sous-régionales, énumère les 6 grands piliers qui devraient permettre à l’Afrique de rattraper son retard en matière de développement. On remarquera cependant l’absence totale des questions relatives à la migration, dans un continent pourtant fortement marqué par ce type de phénomène, dans le sens des départs comme des arrivées (Selon le département des affaires économiques et sociales des Nations-Unies, les migrations entre pays du sud sont très largement supérieures aux migrations vers le nord en provenance du sud).
Les clés du développement en Afrique : la croissance inclusive, le développement humain, l’innovation, la gestion durable des ressources naturelles et la paix
Les cinq premiers piliers sont autant d’orientations politiques majeures que les Etats du continent s’engagent à mettre en œuvre sur le chemin du développement. Le 1er pilier concerne la transformation économique et structurelle en faveur d’une croissance inclusive. L’objectif est de réduire les inégalités à travers une agriculture viable, la diversification de l’industrialisation, la valorisation des produits, et le développement des infrastructures et du secteur tertiaire dans les zones rurales et urbaines. Le 2nd pilier met l’accent sur la science, la technologie et l’innovation alors que le 3ème pilier appelle à axer le développement sur l’être humain. Eradiquer la pauvreté, intégrer pleinement les femmes et les jeunes, s’adapter à la nouvelle structure démographique de l’Afrique… autant d’enjeux à venir, au même titre que l’accès à la santé et à l’éducation, la gestion des déchets et l’assainissement.
La gestion des ressources naturelles constitue le 4ème point de cette démarche. Les préoccupations liées à la désertification, la dégradation des sols, la perte de biodiversité, l’érosion côtière etc. sont des freins majeurs à l’émergence durable et solide de l’Afrique. Tout comme les questions relatives à la paix et à la sécurité, qui constitueraient le 5ème pilier d’une Afrique sur le chemin du développement.
Une condition : permettre aux Etats africains d’accéder au marché mondial
Si ces cinq premiers axes sont autant de politiques à mettre en œuvre prioritairement par les gouvernements et les institutions africaines elles-mêmes, le 6ème point de ce document, quant à lui, met la communauté internationale face à ces obligations. « L’Afrique ne tire pas parti des biens communs mondiaux, notamment du commerce, des finances et du changement climatique  ». Raison pour laquelle ce 6ème pilier est axé sur la question des financements et des partenariats, sans lesquels toute politique de développement est vouée à l’échec. Le document appelle donc à un système financier mondial stable au service du développement et met en avant la nécessité de privilégier des flux financiers basés sur l’investissement plutôt que sur des aides. Les membres de l’UA rappellent néanmoins leur besoin d’être soutenus par la communauté internationale et appellent les pays développés à tenir leurs engagements de consacrer 0,7% de leur Revenu National Brut à l’aide au développement.
Enfin, en matière de stratégie partenariale, il s’agit de privilégier des « systèmes commerciaux multilatéraux justes et inclusifs  ». Surtout « le programme de développement pour l’après 2015 devra rapidement traiter un ensemble de questions importantes, notamment les subventions nuisant aux échanges  ». Une attaque à peine déguisée à l’encontre de la politique agricole commune de l’UE (entre autre), dont les subventions sont perçues comme une concurrence déloyale qui porte atteinte à la compétitivité de l’agriculture africaine.
Enfin, les états africains réclament une simplification des règles d’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) « Nous insistons pour que les pays en voie d’adhésion ne soient pas invités à prendre des engagements incompatibles avec leur niveau de développement  »… comme ce serait le cas à l’heure actuelle.