La semence est l’un des facteurs essentiels de la production en matière agricole et sa qualité joue un rôle crucial dans l’amélioration de la production. L’un des objectifs du développement agricole des pays d’Afrique de l’Ouest est la mise à disposition de semences de qualité au profit des paysans. Dans les pays du bassin du fleuve Sénégal, deux systèmes parallèles coexistent : le système semencier formel régi par les textes juridiques nationaux, régionaux et internationaux d’un côté, et le système semencier traditionnel, utilisé, développé et transmis par les paysans de l’autre côté.
Dans le système formel, les variétés sont mises au point par les structures de la recherche publique agronomique. Ces variétés sont homologuées et inscrites au catalogue officiel pour être produites et commercialisées. Toutes les semences issues des variétés inscrites au catalogue subissent un contrôle de qualité sanctionné par la certification les rendant commercialisables. Un autre aspect du système semencier certifié est l’autorisation du droit de propriété intellectuelle sur les semences. L’outil de protection utilisé est le droit d’obtention végétale (DOV) matérialisé par le certificat d’obtention végétale (COV).
Dans le système des semences paysannes, les semences sont produites et diffusées à travers les pratiques paysannes : sélection dite ’ massale ’ à partir d’un matériel végétal choisi, issu de la récolte précédente, issu de l’autoproduction, d’échanges ou d’achats, le plus souvent au niveau d’autres paysans. Ces pratiques sont basées sur le principe de souveraineté alimentaire et sur un développement rural fondé sur une agriculture écologique non dépendante d’intrants extérieurs et soucieuse de l’autonomie des paysans dans l’accès et la distribution des semences. La caractéristique principale des variétés paysannes est leur adaptabilité grà¢ce à leur hétérogénéité. Il s’agit de variétés populations dont la riche diversité permet une grande plasticité et une meilleure résistance face aux changements climatiques et à l’évolution de la demande alimentaire. Cette caractéristique maintenue et enrichie par les communautés paysannes en fait la ressource génétique principale des sélections actuelles.
Bien que les deux systèmes semenciers coexistent au niveau des pays de l’Afrique de l’Ouest, le cadre juridique national, régional et international prend uniquement en compte les semences certifiées au détriment des semences paysannes, fragilisant les droits des agriculteurs sur ces variétés qu’ils ont conservées et diversifiées à travers le temps.
Dans ce contexte, le Grdr, avec ses partenaires du bassin du fleuve Sénégal (BFS), s’organise pour la préservation de la biodiversité semencière de ces territoires et pour la mise en place d’un plaidoyer visant à influer sur les politiques semencières actuelles défavorables aux semences paysannes.
Le présent livret est un outil didactique qui vise à renforcer les connaissances des lecteurs sur les enjeux associés aux semences paysannes. Il explore les politiques semencières à différentes échelles et leurs conséquences sur les paysans du bassin du fleuve Sénégal, et analyse les enjeux de la préservation du patrimoine semencier de la région : les actions et initiatives pour la préservation du patrimoine semencier paysan, la revalorisation de la sélection paysanne et la défense et la promotion des pratiques de sauvegardes des ressources semencières paysannes.