À l’occasion de la COP 30, le Grdr organise une conférence-débat prospective avec les participations confirmées de Jean Jouzel (climatologue et membre du GIEC) et d’Isabelle Autissier (navigatrice et présidente d’honneur de WWF France) :
Sénégal – Gambie – Guinée-Bissau – Guinée
Mercredi 26 novembre 14h30 – Paris (lieu à préciser) Avec le lancement du livre de photos, BADALA, le pays des rivières entre forêts et mangroves.
S’étendant de la Guinée au Sénégal, en passant par la Guinée-Bissau et la Gambie, ce littoral ouest-africain unique abrite des socio-écosystèmes forestiers, estuariens et marins d’une richesse exceptionnelle. Il offre un cadre naturel et culturel qui joue un rôle de protection face aux aléas océaniques et climatiques, de plus en plus marqués.
À quelles métamorphoses devons-nous nous attendre dans ces rias, ces plaines de mangroves et ces rivages estuariens ? Comment anticiper les effets du changement climatique et de l’évolution des dynamiques océaniques sur ces littoraux ? Quelles priorités d’aménagement s’imposent face à la multiplication des canicules et des inondations ? Dans ce contexte de double crise — effondrement de la pêche côtière et réchauffement océanique — quelles voies de reconversion s’ouvrent aux communautés littorales ? Et quelles innovations émergent aujourd’hui pour valoriser durablement ces milieux riches, fertiles et fragiles ?
Ce littoral se distingue nettement des autres régions sahélo-soudaniennes situées à la même latitude par la présence de paysages forestiers. Il constitue le piémont des hautes terres de l’Afrique de l’Ouest, le deuxième impluvium du continent. Sur près de 700 km, ce corridor côtier est bordé, côté mer, par une vaste plaine de mangroves entaillée par une trentaine de rias estuariennes, où se mêlent les eaux douces venues du massif du Fouta Djalon et les eaux salées brassées par les plus fortes marées de l’Atlantique africain. Loin des grandes mégapoles et des pôles démographiques du continent, cette région voit pourtant son réseau de petites villes confronté à une urbanisation rapide et mal maîtrisée.
Grâce à la diversité de ses reliefs, ses forêts, ses cours d’eau, ses marais et ses estuaires, cette zone bénéficie d’une certaine résilience face aux excès climatiques — chaleur extrême, inondations — qui touchent durement d’autres régions d’Afrique. Elle abrite une mosaïque d’écosystèmes forestiers et marins, ainsi qu’une variété de terroirs et de pratiques collectives fondées sur une cohabitation durable entre agriculture, élevage, pêche et sylviculture. Cette civilisation rurale, fondée sur la polyactivité et la gestion communautaire des ressources, est robuste. Mais elle se révèle aussi peu adaptée à une économie globalisée reposant sur la mono-production, la compétition et la logique de rentabilité immédiate.
Ce littoral abrite le plus grand nombre d’estuaires au monde, formant une mosaïque de plans d’eaux saumâtres, de terroirs halieutiques et de rivages marécageux au potentiel élevé pour les cultures marines. C’est, depuis des siècles, le berceau d’une riziculture de mangrove pionnière. Réputée pour sa biodiversité et la richesse de sa biomasse marine, la région est aujourd’hui confrontée à un paradoxe : la régénération des mangroves coexiste avec un effondrement des ressources halieutiques, surexploitées par des flottes étrangères. Cette pression entraîne une crise de la pêche artisanale et une hausse spectaculaire de l’émigration des communautés de pêcheurs — multipliée par deux en trois ans.
Au Sénégal, la consommation de poisson a été divisée par trois en une décennie. Comme ailleurs dans le monde, le littoral ouest-africain subit de plein fouet les effets du changement climatique. Le niveau de la mer y monte à un rythme deux fois plus rapide qu’il y a 25 ans. Entre 1990 et 2020, la fréquence des tempêtes a été multipliée par sept. Les températures grimpent, les inondations se multiplient. Le climat océanique et littoral change à un rythme accéléré, annonçant une reconfiguration profonde des rivages, des écosystèmes et des conditions de vie des populations.
Climatologie :
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Halieutique :
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Sociologie :
Conservation :
La conférence sera animée par Anne-Cécile Bras - journaliste chez RFI. (à confirmer)