La Mauritanie a connu une sédentarisation massive depuis la sécheresse des années 1970, ce qui a rendu prioritaire les questions de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement . Elle fait ainsi partie des 6 pays d’Afrique dont la couverture des besoins en eau potable est inférieure à 50%. Seulement 24 % de la population a accès à une installation sanitaire. La situation est particulièrement sensible dans les wilayas du Gorgol et du Guidimakha, déjà caractérisées par leur enclavement et les taux de pauvreté parmi les plus élevés du pays.
Conséquence de ce manque d’infrastructures, de nombreux habitants utilisent les eaux de surface ou les puisards o๠s’abreuve le bétail. Raison pour laquelle la prévalence de maladies d’origine hydrique ou liées à un déficit d’assainissement (maladies diarrhéiques, paludisme,...) atteint des proportions particulièrement importantes dans ces localités rurales, surtout chez les enfants en bas à¢ge, les services de santé ne couvrant qu’une partie des besoins et des territoires.
De plus, la quête de d’eau est un frein au développement d’activités productives et à une scolarité efficace. Les points d’eau actuellement accessibles (mares, puisards et puits) sont souvent excentrés des lieux d’habitation, obligeant les ménages à consacrer beaucoup de temps au puisage et au transport d’eau. Cette activité est souvent dévolue aux femmes et aux enfants qui disposent ainsi de moins de temps pour se consacrer aux activités productives ou scolaires.
Le projet se fixait pour objectif au départ d’approvisionner en eau potable 24 localités, en proposant également des activités liées à l’hygiène et à l’assainissement.. Finalement ce sont 32 localités rurales du Guidimakha et du Gorgol qui ont bénéficié de ce programme grà¢ce à l’extension de 2 réseaux d’adduction en eau potable. Grà¢ce au PEAGG, près de 30 000 personnes supplémentaires de ces régions ont accès à l’eau potable.
En matière d’accès à l’eau : – Diagnostic socioéconomique des populations ciblées afin d’évaluer leurs besoins spécifiques en eau et assainissement – Renforcement de la maitrise d’ouvrage communale ( formation, participation des communes aux différentes étapes de la maitrise d’ouvrage et capitalisation). – Appui à la délégation des services de l’eau (délégation à un opérateur privé par les communes)
En ce qui concerne l’assainissement : – Diagnostic global sur l’assainissement dans les villages bénéficiaires – Réalisation d’un plan d’action ’assainissement’ opérationnel – Constitution et formation de Comités Hygiènes et Assainissement (CHA) dans les 32 localités – Formation de maçons locaux – Réalisation d’infrastructures de démonstration (dalles, puisards, latrines) – Campagnes de sensibilisation à l’hygiène et à l’assainissement (méthode ’Assainissement Piloté par les Communautés’ (ATPC)) – Construction de latrines scolaires – Organisation de journées sanitaires dans les écoles – Suivi des changements de comportements à l’hygiène (enquête de comportement)
Résultats globaux : – Près de 30 000 personnes supplémentaires ont accès à l’eau potable dans le Gorgol et le Guidimakha – 32 villages bénéficiaires – 52 forages réalisés, 26 exploitables, 22 exploités et 2 forages supplémentaires équipés grà¢ce à leur débit élevé. – 3 réseaux d’adduction d’eau potable (AEP) et 9 mini-réseaux dont 2 extensions multi-villages) fonctionnant à l’énergie solaire. – 11 postes d’eau solaires – 42 latrines scolaires, 24 latrines familiales de démonstration et 32 puisards de démonstration – 4 concertations organisées au niveau national et régional – 32 comités ’Hygiènes et Assainissement’ (CHA) formés – Le Centre National des Ressources en Eau (CNRE) mauritanien a été équipé de matériels de mesure qui ont été implantés dans les 2 régions pour suivre et mesurer l’évolution des ressources en eau mobilisées dans le cadre du projet.
Plus spécifiquement dans le Guidimakha – 14 villages bénéficiaires – 3 réseaux d’adduction en eau potable, 5 mini-réseaux et 6 postes d’eau solaires Toutes ces infrastructures ont été mises en gestion en délégation , après procédure de sélection, par l’Agence de Régulation de l’Eau. – 38% des ménages de ces villages se sont équipés en latrines contre 14% avant le projet – 1.400 élèves de 9 écoles ont accès à des sanitaires – 11 maçons locaux formés
Plus spécifiquement dans le Gorgol – 18 villages bénéficiaires – 4 mini-réseaux d’adduction en eau potable et 5 postes d’eau solaires – 73% des ménages de ces villages se sont équipés en latrines contre 32% avant le projet – 1.042 élèves de 8 écoles ont accès à des sanitaires. – 11 maçons locaux ont été formés à la réalisation de latrines familiales
Le choix des localités bénéficiaires du PEAGG a été réalisé à l’issue d’un processus de concertation locale qui a permis de : – réaliser le diagnostic territorial (étude des ressources disponibles, données sociodémographiques, identification des acteurs et partenaires…). Ce diagnostic est présenté sous forme de monographie communale – mettre en place des instances de concertation, au niveau local, chargées d’analyser les enjeux des territoires et de définir les priorités – élaborer des stratégies de développement réalistes à partir des ressources locales, synthétisées dans les plans de développement communaux – mettre en œuvre les Plans d’Actions Prioritaires (PAP) conformément aux aspirations des populations
Coordination des actions avec d’autres projets en cours sur la même zone d’intervention : dans 2 villages bénéficiaires choisis par les communes et validés par les services techniques et l’administration locale, le PEAGG a réalisé des forages et des études qui ont été suivis d’une procédure de recrutement d’entreprises. Mais dans le même temps, sans que l’équipe du PEAGG n’en soit informée, un projet national et un opérateur privé y implantaient des infrastructures identiques. La procédure a été interrompue au niveau du PEAGG et les ressources financières prévues ont été réaffectées à la réalisation de 2 extensions du réseau d’eau potable, approvisionnant ainsi 5 nouveaux villages dans les communes concernées.
Mobilisation des ressources en eau : un des forages testé positivement n’a pas tenu le débit minimum pour être exploitable après pose de la pompe, en raison d’une baisse imprévue des conditions de réalimentation de la nappe phréatique. Une demande a été adressée au ministère de l’hydraulique pour implanter un nouveau forage dans la zone, ou connecter le réseau au système en cours de réalisation du projet Aftout.
Gestion du service de l’eau : les demandes de délégation du service de l’eau par les communes du Gorgol ont souffert de lenteur dans leur traitement administratif au niveau régional.
Ce film a été réalisé en partenariat avec le GRET dans le cadre de son projet AICHA.
Le PEAGG a été financé par l’Union Européenne, l’Agence Française de Développement, l’APAUS, l’Agence de l’Eau de Loire Bretagne, la Région Centre Val-de-Loire et les Communes du Gorgol et du Guidimakha.