L’étude sur le système alimentaire de la région de Dakar s’intègre dans le processus d’élaboration du Plan Climat Territoire Intégré (PCTI) de la région de Dakar. Une initiative, mise en œuvre dans le cadre de la coopération décentralisée qui lie le Conseil Régional de Dakar (CRD) et le Conseil Régional d’Ile de France (CRIF). Commandité par la Fondation Nicolas Hulot (FNH), elle a été réalisée par le Grdr durant la période allant de juin 2013 à novembre 2014, en relation étroite avec la FNH et avec le concours de plusieurs structures intervenant dans la région. Ce travail s’inscrit en complémentarité du diagnostic sur « les vulnérabilités de la région de Dakar aux changements climatiques » réalisé par le consortium AIRD-UCAD-UGB (AIRD-UCAD-UGB, 2013).
Les objectifs de l’étude : produire un cadre de référence pour améliorer le système alimentaire des Dakarois
Alors que la région de Dakar connaît depuis plusieurs décennies de profonds changements socio-démographiques et économiques (la population a crà » de 30% sur la période 2002-2013), il s’agissait tout d’abord d’établir un état des lieux du système alimentaire local et de mettre à jour ses vulnérabilités, notamment en tenant compte du changement climatique. Une démarche qui permettra par la suite d’alimenter les acteurs de la région de Dakar dans leur réflexion sur l’avenir du territoire, grà¢ce aux références ainsi produites. Un processus qui contribue à l’identification d’actions permettant de réduire les vulnérabilités mises à jour.
Ainsi, des hypothèses sur les principales vulnérabilités du système alimentaire de la région ont été dégagées à travers une analyse bibliographique et des entretiens auprès des acteurs locaux. Des scénarios sur l’évolution du système alimentaire de la région ont ensuite été élaborés à travers des ateliers de prospective territoriale. Enfin, des axes stratégiques et des actions prioritaires ont été identifiés lors des ateliers de planification et d’appels à projet.
Un système alimentaire menacé par des facteurs socio-économiques aggravant les risques liés au changement climatique.
L’agriculture tient encore une place centrale dans l’activité des populations. Mais elle subit déjà le changement climatique de manière directe : dégradation des sols, pertes de biodiversité, variabilité de la pluviométrie, problèmes sanitaires pour l’élevage… La pêche artisanale apparaît également menacée par la baisse de la ressource. D’autant que la quasi absence de contrôle sanitaire pourrait à court terme se traduire par des problèmes de santé publique.
De plus, les habitudes alimentaires évoluent laissant aujourd’hui une place de choix aux produits importés, pour la plupart issus de pratiques non durables. Le développement de monopoles commerciaux constitue une menace supplémentaire sur la région : 3 entreprises contrôlent par exemple aujourd’hui 70% du volume de brisure de riz écoulée au Sénégal.
Proposer des solutions pour promouvoir un système alimentaire sain en région de Dakar
Au final, la sécurisation foncière des exploitations familiales de la région de Dakar et du pays, la promotion de systèmes de production plus autonomes et moins gourmands en intrants, l’appui aux filières courtes et à un secteur agro-alimentaire générateur d’emplois valorisant les productions locales apparaissent tous comme des axes susceptibles d’infléchir les tendances actuelles.
En effet, les exploitations familiales et durables peuvent à la fois répondre à la demande alimentaire de la Région et être résilientes face au changement climatique. Mais sans un changement profond des politiques publiques nationales, les tendances actuelles se poursuivront. Ainsi, la promotion « d’alliances  » entre producteurs familiaux et citoyens apparait désormais comme étant nécessaires pour contribuer aux changements du système alimentaire de Dakar.