Le projet de Valorisation des produits du Petit Élevage et de Gestion des Parcours Agropastoraux dans le Gorgol (PROVAPEG) est arrivé à son terme en juin 2015 après plus de 3 ans de mise en œuvre. Ce programme, financé par l’UE, le CCFD-TS, le CFSI et la Région Centre Val de Loire, a permis de documenter des failles majeures au niveau de l’hygiène des produits d’élevage destinés à la consommation humaine. Il a ensuite progressivement accompagné de façon expérimentale la mise en place, à l’échelle communale, d’infrastructures qui améliorent l’hygiène, la qualité et la productivité de la filière.
Le Gorgol est une zone agropastorale dans le sud de la Mauritanie o๠le petit élevage est pratiqué par la grande majorité de la population rurale. Ce bétail est principalement composé de petits ruminants (moutons, chèvres, boucs…) et est géré par des ménages ruraux de toutes communautés et de toutes catégories socio-économiques. Plus de 10 000 tonnes de viandes sont consommées chaque année, faisant de la viande (et du lait) la protéine de base de la population locale. La filière élevage représente donc un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté en procurant une alimentation et des revenus aux plus démunis, nombreux dans cette région classée au second rang des régions la plus pauvre du pays (66% de la population locale vivant en dessous du seuil de pauvreté selon le rapport d’étape 2010 de l’ONU sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement Durable).
Pourtant, le Gorgol bénéficie de conditions très favorables à l’essor des filières du bétail et de la viande. En revanche, on constate une grande insuffisance au niveau des infrastructures, pour la plupart dans un état de délabrement avancé quand elles existent, ainsi qu’une faible productivité par animal. En outre, les contrôles sur l’hygiène des animaux sont quasi absents et les producteurs manquent d’informations, de conseils et d’accès à des produits vétérinaires sà »rs.
Sans surprise, une série d’observations et de prélèvements menés dans le cadre du programme ont relevé toute une série de dysfonctionnements. En effet, la transformation des produits issus de l’élevage s’appuie sur des pratiques qui favorisent la diffusion de zoonoses telles la brucellose, la tuberculose, la fièvre de la Vallée de Rift, etc. Ainsi, la viande et le lait sont à l’origine de nombreuses intoxications alimentaires et hospitalisations dans la région. L’autre fait majeur est la très forte présence de résidus d’antibiotiques dans les échantillons de viande et de lait prélevés sur les étalages de bouchers dans le Gorgol. 36% des viandes ovines, 50% des viandes bovines, 11% du lait de vache et 37% des échantillons de lait de chèvre prélevés présentaient des quantités d’antibiotiques au moins deux fois supérieurs à la norme maximale. Des résidus de médicaments qui augmentent significativement chez l’être humain les risques de résistance aux antibiotiques, de maladies digestives, d’allergie, de diabète et même de cancers…
C’est dans ce contexte que le projet PROVAPEG a contribué à mettre en œuvre de nombreuses campagnes d’information, sensibilisation et communication, avec le concours des Directions Régionales de l’Action Sanitaire et de l’Élevage. Des émissions radio doublées d’ actions sur le terrain directement auprès des consommateurs et des producteurs ont été réalisées pour faire connaitre le plus largement possible les risques sanitaires provoqués par certaines pratiques d’abattage, de boucherie, de traitement du lait et promouvoir des pratiques d’exploitations plus saines des produits de l’élevage. Des campagnes de déparasitage, de vaccination et d’apport en vitamines ont été mises en place et 80 femmes avicultrices ont été formées à la vaccination des volailles. 95% des poules de la zone concernée par le projet ont été immunisées contre la maladie de Newcastle et 50% des petits ruminants ont été déparasités.
Pour la 1ère fois en Mauritanie, des mini-parcs de vaccination ont vu le jour dans 4 localités. 4 aires d’abattages sont également réalisées dans 4 communes et 12 étales de boucherie ont été distribués, facilitant ainsi l’inspection des viandes. Un ensemble de mesures ont été prises aux différents points critiques de la chaine de transformation. Des pratiques de conservation de la viande, comme le Tischtar à croquer, ont même été expérimentées avec des bouchers locaux. Et pour les produits dérivés tel le beurre traditionnel, des coopératives féminines ont été formées aux bonnes pratiques d’hygiène. Ainsi, les viandes et autres produits issus de ce parcours acquièrent par leurs qualités une certaine compétitivité par rapport aux autres. Rassurantes pour les consommateurs, ceux-ci privilégient de plus en plus les denrées issues de ce circuit.
Enfin, la mise en place progressive d’un service communal qui concourt à l’amélioration dans l’ensemble de la filière est une des innovations institutionnelles du projet. Un 1er pas vers l’amélioration de la productivité d’une filière qui constitue un enjeu majeur pour la population du Gorgol et de la Mauritanie.
Ci-dessous la documentation produite dans le cadre du programme PROVAPEG :