A Grigny, commune considérée comme la plus pauvre de France, de nombreux habitants sont confrontés à la précarité et à la pauvreté. On y compte un nombre particulièrement élevé de familles monoparentales, généralement des femmes seules, vivant avec leurs enfants dans les quartiers populaires. Les femmes issues de l’immigration sont plus concernées que la moyenne par un certain nombre de difficultés, telles que les discriminations, l’absence ou la non-reconnaissance des diplômes acquis ou encore les incertitudes d’ordre administratif qui sont des freins à l’emploi, etc. Pour contrer ces difficultés du quotidien, un bon nombre d’entre elles font face de manière collective, valorisant ainsi le dynamisme associatif de cette commune. Elles contribuent ainsi à montrer ce territoire non plus sous le seul angle de la pauvreté, mais aussi sous celui de la solidarité et de la convivialité qui le caractérisent encore plus.
La vente informelle : une activité rémunératrice aux multiples facettes
Un nombre important de ces femmes subsistent grà¢ce à la vente informelle de nourriture sur le parvis de la gare de Grigny.
Les conditions dans lesquelles se déroulent leurs activités les placent dans des situations parfois dangereuses. Souvent, elles doivent partager leur espace de vente avec d’autres vendeurs de produits de contrebande, dans des zones contrôlées par des groupes de trafiquants. Ce train de vie a longtemps fragilisé l’estime qu’elles pouvaient avoir d’elles-mêmes et la situation sociale de leurs enfants, dont elles craignent la déscolarisation et le recrutement dans des réseaux délinquants.
Pourtant, leur présence sur le parvis de la gare est source de mixité et de lien social. Le quartier de la gare est pour elles un espace de rencontres et d’échanges auquel elles se sont attachées. Elles y mettent de la vie et de la bonne humeur et finissent par être appréciées des usagers et les habitués de la gare.
Vers une stabilité sociale et économique
Afin de continuer à créer ce lien social si important pour elles, mais aussi pour générer plus de revenus et sortir de la précarité, certaines d’entre elles ont pris l’initiative de se regrouper en collectif. Elles ont ainsi pu participer à des formations et tenir des stands de ventes lors des événements organisés par la mairie de Grigny. En plus de leur avoir apporté un complément de revenus, ces activités ont contribué à mieux les faire connaitre et à se perfectionner dans leurs capacités à dialoguer avec la clientèle.
Surtout, ce genre d’initiatives renforce le lien social entre elles et les habitants de la ville. Autrefois stigmatisées à cause de leur activité de « vente à la sauvette  », elles sont de plus en plus perçues comme des personnes qui contribuent à la vitalité de la commune.
Aujourd’hui, elles attendent impatiemment de pouvoir ouvrir un restaurant solidaire, dès que les conditions sanitaires le permettront. Cet espace, accessible à tous les habitants et qu’elles espèrent convivial, leur permettra d’accéder à des conditions de travail durables et dignes.
L’équipe du Grdr et le « vivre ensemble  » à Grigny
Depuis novembre 2019, le Grdr et la Mairie de Grigny travaillent en partenariat pour répondre à cet enjeu important du « vivre ensemble  » et des besoins économiques, sociaux et professionnels des femmes immigrées en situation de précarité. L’objectif général du projet est de produire des connaissances théoriques, pratiques et méthodologiques sur leur insertion sociale et économique. Le Grdr se base donc sur une démarche de recherche-action participative. A Grigny, 34 femmes à¢gées entre 19 et 60 ans ont été sollicitées. Parmi elles, 15 se sont impliquées dans le projet culinaire et 8 se sont constituées en association « Les Mamas de Grigny  ». A terme, ce processus a vocation à amener ce groupe de femmes et les acteurs qui les accompagnent à devenir totalement autonomes, au-delà de notre intervention directe.
Ce que le Grdr fait :
– Accompagnement social, juridique et locatif – Cours de français et formations (HCCP, Pà¢tisserie, entrepreneuriat) – Production de connaissances théoriques – Mise en place d’ateliers numériques – Accompagnement vers l’emploi