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Interview avec Ahmed Omar Motasem, bénéficiaire du parcours d’accompagnement à l’emploi des primo-arrivants et réfugiés (programme PRIMO ACCES)

Bonjour Ahmed, peux-tu nous parler de ton parcours, du Soudan à la France ?

J’ai quitté mon pays, le Soudan, en 2017. Je suis d’abord allé en Égypte, puis en Libye et en Italie. Je suis arrivé en France en 2019 lorsque j’avais 17 ans.

Comment s’est passé ton arrivée en France ?

Je suis arrivé en France sans difficulté. J’étais encore mineur. J’ai commencé à prendre des cours de français, j’ai même commencé une formation, un CAP cuisine, et trouvé un petit logement.

Lorsque j’ai eu 18 ans, j’ai fait ma première demande d’asile. C’est à ce moment-là que ça s’est compliqué. On m’a dit que je ne pouvais pas faire de demande d’asile en France, étant donné que j’en avais déjà fait une pour l’Italie. Du coup ils me l’ont refusé. Ils m’ont dit de retourner en Italie, mais moi j’ai refusé.

Je suis resté en France, mais je n’avais plus de logement, plus d’argent et je ne pouvais plus continuer ma formation et mes cours de français. J’ai dû quitter tout ce que j’avais commencé à faire.

Lorsque je me suis retrouvé à la rue, c’est l’association dans laquelle j’étais, Aurore, qui m’a hébergé. Quand ma demande d’asile a finalement été acceptée, j’ai pu déménager.

Aujourd’hui, quel est ton projet professionnel ?

Mon projet professionnel est d’être mécanicien automobile.

Il y a quelques mois, j’ai commencé une formation chez ESPEREM, dans le 14ème arrondissement de Paris. C’est une formation pour la préparation de projet professionnel. Elle dure 6 mois, mais je n’ai pu y aller que 3 mois. La Garantie Jeune [1] dont je bénéficiais a pris fin et je n’avais plus aucun moyen de payer mon logement. J’ai donc dû arrêter pour trouver un travail.

J’ai finalement trouvé un travail en tant que mécanicien dans le 14ème arrondissement. J’y travaille toujours, mais je participe aussi à certaines formations d’ESPEREM lorsque je le peux.

A la rentrée, mon employeur actuel va m’embaucher en alternance pour que je puisse faire mon CAP mécanicien !

Pourquoi ce projet ?

Avant d’arriver en Libye je n’y connaissais rien au métier de mécanicien. Je connaissais les voitures bien sûr, mais je ne savais pas qu’on pouvait en faire un métier. Mais une fois arrivé en Libye j’ai trouvé très rapidement un métier dans un garage. C’est là que j’ai découvert ma passion pour ce travail.

Les clients me ramenaient des voitures abimées, comme des personnes blessées que l’on soigne à l’hôpital, et moi j’avais l’impression d’être un soigneur. Je soignais les voitures. Quand les clients venaient récupérer leur voiture, si je ne sentais pas que j’avais entièrement soigné la voiture, réparé la voiture pour qu’elle soit au top, je n’étais pas content !

J’aime vraiment ce projet !

Qu’est-ce que t’as apporté ta formation avec ESPEREM ?

J’ai appris pas mal de choses avec ESPEREM. La formation m’a beaucoup aidé pour l’informatique, pour la rédaction de CV, pour faire mes démarches administratives...

Parfois mon assistante sociale n’est pas là. C’est dans ces moment-là que je mets en pratique tout ce que j’ai appris pendant la formation. A présent je sais écrire mon CV et faire mes démarches, prendre rendez-vous avec pôle emploi, faire une demande de renouvellement de dossier ou une demande de rendez-vous pour le titre de séjour, etc. Tout ça j’ai pu le faire seul, car ESPEREM m’a appris à le faire.

En février tu as passé une semaine de coaching professionnel avec le Grdr, qu’en as-tu pensé, qu’est-ce que ça t’a apporté ?

Ça m’a fait énormément plaisir de participer à ce coaching. J’ai appris plein de choses, notamment à gagner confiance en moi. Le premier jour on a fait des exercices, des ateliers, j’ai vu que ce n’était pas facile mais j’ai essayé de m’ouvrir et je me suis finalement senti en confiance.

Au début j’avais du mal à parler en public, je bégayais, je cherchais mes mots, mais le Grdr a travaillé avec moi sur ça et m’a donné des techniques. Aujourd’hui j’arrive même à me présenter devant les gens, même si mon français n’est pas très bon.

Comment te vois-tu dans 5 ans ?

Dans 5 ans je me vois avec ma petite entreprise. Si tout fonctionne comme je l’ai prévu dans ma tête, j’aurai un bac +3 ou même 4, et une fois mes études finalisées, je lancerai mon propre garage. J’ai imaginé plein de choses à faire dans 5 ans et je suis sûr que je vais y parvenir.


[1Remplacé depuis le 1er mars 2022 par le "Contrat d’Engagement Jeune (CEJ)", la Garantie Jeune s’adresse aux jeunes de 16-25 ans en situation de précarité avec certaines obligations d’orientation vers l’emploi.


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