Au Gorgol, dans le sud de la Mauritanie, l’agriculture et l’élevage revêtent une importance capitale et jouent un rôle stratégique pour l’économie régionale. Mais l’énorme potentiel de cette région reste peu exploité et les revenus des petits producteurs de la zone demeurent très faibles, créant ainsi une situation d’insécurité alimentaire récurrente. Les études montrent que l’une des causes de cette fragilité s’explique par la nécessité d’améliorer la production et la productivité agropastorale ainsi que par la faible connexion entre les zones de productions et les marchés urbains. Grà¢ce au soutien financier de la région Centre Val de Loire, le Grdr s’engage aux côtés de l’Association des Maires et Parlemenatires du Gorgol à et les petits producteurs locaux pour connecter davantage les pôles de production aux pôles de consommation.
Le Gorgol est une région essentiellement rurale, située à la frontière avec le Sénégal. Les moins de 25 ans y représenteraient plus de 65% de la population et sont confrontés à des difficultés d’accès à l’emploi. Une productivité agricole générant plus de revenus peut être un moyen de revaloriser les agricultures familiales auprès de cette jeunesse et de l’encourager à vivre de l’agriculture.
Depuis plusieurs années, le Grdr travaille aux côtés des acteurs locaux pour structurer des filières qui ont été identifiées à l’issue d’un processus de concertation. A la suite d’études, les filières patate-douce, sorgho, maraîchage et élevage ont été choisies parmi d’autres grà¢ce à leur potentiel en terme de croissance, d’emploi, de valeur ajoutée, de compétitivité et parce qu’elles impliquent une part importante de la population. Les collectivités territoriales les ont ensuite inclues dans leurs plans de développement locaux, ce qui leur permet de structurer l’accompagnement à l’entreprenariat local, grà¢ce à un appui technique ou financier du Grdr. Et la structuration des filières agricoles permet également de diversifier l’offre de produits et de mieux s’adapter à la demande.
Pour faciliter les débouchés des filières agricoles sélectionnées, des points de ventes ont été mis en place, notamment dans les communes de Kaédi, Foum-Gleita, Lexeiba Maghama et Djéol. Une foire régionale, désormais annuelle, permet de promouvoir les produits vivriers de la région. 300 producteurs régionaux (dont une très grande majorité des femmes) ont ainsi eu l’opportunité d’écouler leur production et de faire connaître leurs produits à l’échelle locale.
Mais dans le bassin du Fleuve Sénégal, parler de circuits-courts, c’est aussi parler de circuits transfrontaliers. Seul le fleuve Sénégal sépare par exemple Djéol, en Mauritanie, de la commune de Thilogne, au Sénégal. Les échanges entre les populations locales de part et d’autre de cette frontière y sont très courants et représentent une opportunité pour les petits producteurs agricoles locaux. C’est dans cet esprit que le Grdr a soutenu et contribué à la création d’un nouveau marché hebdomadaire à Djéol.
Accompagner la structuration des producteurs locaux contribue à l’amélioration de la productivité et de la production agricole. 8 coopératives (5 d’élevages spécialisées dans l’élevage, 2 dans la transformation de produits et 1 dans le maraichage) ont bénéficié d’un fond de soutien leur permettant de financer leur activité économique. Ces financements ont été alloués sur la base de critères et de procédures définies par le Dispositif d’Appui Technique et Financier (DATF). Les coopératives ont ensuite bénéficié de formations en gestion administrative et financière, notamment en ce qui concerne l’organisation, les procédures, les outils de gestion et l’élaboration des comptes d’exploitation. Des formations techniques ont également été organisées, notamment pour les producteurs de la filière bétail avec l’intervention d’un vétérinaire, afin de les former sur les questions relatives aux règles d’hygiène, de vaccination du bétail, de plans antiparasites, d’ l’alimentation des animaux…
L’idée reste de structurer ces filières de manière durable. Pour les collectivités locales, cela implique de protéger les ressources naturelles, soumises à de fortes pressions. Ce qui à terme pourrait compromettre la biodiversité et l’existence même de ces filières (croissance démographique, urbanisation des territoires, dégradation des sols, changement climatique…). C’est dans cette perspective que la Délégation Régionale du ministère de l’environnement et du développement durable (DREDD) (avec l’appui du Grdr) a engagé un processus de mise en place d’Associations de Gestion Locale Collectives (AGLC) dans les communes de Néré Wallo et Djéol, afin de réguler de manière équitable l’accès à ces ressources naturelles.